BIO
D’origine française, Juliette Lusven est une artiste-chercheuse interdisciplinaire en arts visuels et médiatiques qui vit et travaille à Montréal. Sa démarche exploratoire et processuelle est inspirée des géosciences et des procédés de
visualisations perceptifs et technologiques en regard de l’espace terrestre et océanique. Au croisement de différentes formes d’installations, montages et projections, elle interroge notre rapport au monde en relation à la technologie, à la matérialité, aux flux (naturels et artificiels) et aux rapports d’échelles souvent dans une problématique de la perception. Elle s’intéresse aux interconnexions qui se produisent entre des phénomènes naturels et technologiques pour en explorer leur résonance visuelle et expérientielle mais aussi informationnelle, environnementale et imaginaire. Elle poursuit actuellement un doctorat en études et pratiques des arts à l’UQÀM où elle développe le projet de recherche-création Exploration.135, dont une nouvelle version installative est présentée à la galerie ELEKTRA. Depuis 2020, elle entreprend une résidence d’expérimentation au laboratoire GEOTOP en sciences de la terre et de l’atmosphère et en micropaléontologie sous-marine. Son travail est soutenu par HEXAGRAM, le réseau de recherche-création en arts, cultures et technologies et fut récemment présenté à l’Agora Hydro-Québec, lors de la nuit des idées de Montréal (2020) et au festival MUTEK en ligne (2021).
Détail d’installation, arrêt sur image du morphing des points de connectivité terrestres du dernier câble de télécommunication transatlantique opérationnel à partir de l'hiver 2022, reliant les États-Unis, l’Espagne et l’Angleterre, à la vitesse de 340 Tbps et portant le nom de Grace Hopper en hommage à la mathématicienne américaine à l’origine d’un des premiers langage de programmation informatique.
S’inspirant d’archives bathymétriques liées à la pose du premier câble télégraphique transatlantique, Juliette Lusven explore notre rapport au monde et à l’interconnectivité technologique à partir de l’actuelle infrastructure sous-marine d’Internet. Évoquée comme l’épine dorsale de notre connectivité, puisque la quasi-totalité de nos échanges numériques transite à travers ce vaste réseau de câbles en fibre optique installé au fond des océans, cette infrastructure en semble tout autant imperceptible, faisant aussi référence à un environnement sous-marin souvent inaccessible et toujours en cours de cartographie. Réalisée dans le contexte du projet doctoral de recherche-création Exploration.135, cette exposition interroge ce phénomène d’invisibilité et cette circulation à partir de l’océan Atlantique et du Web, en articulant différentes matérialités et rapports d'échelles dans la mise en oeuvre d'un corpus installatif. Les trajets des câbles deviennent une trame d’exploration geoperceptive et informatique de notre hyperconnectivité, mettant en interaction les flux, la visualisation de données, la topographie sous-marine et l'imagerie satellitaire avec des captations au microscope de résidus technologiques, de sédiments et de microfossiles provenant des fonds océaniques.
En collaboration avec Max Boutin et Marc-André Cossette.
Crédit photo: Alejandro Escamilla